Les prix du maïs et du soja sont paralysés
Les moissons en cours et le shutdown (fermeture) de l'administration américaine bloquent tous les mouvements d'ampleur des marchés du maïs et du soja.
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Pendant que les agriculteurs américains récoltent leur soja et leur maïs, le shutdown ou fermeture de leur administration prive les marchés agricoles de visibilité, empêchant tout mouvement d'ampleur des cours, relevaient mercredi les analystes. «Le marché est en quelque sorte en suspens», résume Jack Scoville, de Price Futures Group, en référence au shutdown, le blocage du vote du budget aux Etats-Unis, qui entraîne une paralysie d'une grande partie de l'administration fédérale.
Pas de rapport USDA
Sur le site du ministère américain de l'Agriculture (USDA), qui devait publier jeudi un très attendu rapport sur l'état des productions, exportations et stocks mondiaux, un encart prévient: «En raison du shutdown décidé par la gauche radicale démocrate, ce site web ne sera pas mis à jour pendant la période d'interruption du financement». «Cela pèse vraiment sur les marchés, nous avons besoin des données de l'USDA pour tenir les gens informés de ce qui se passe», explique M. Scoville.
Les prix du maïs, blé et soja ont peu évolué depuis une semaine. Les cours ont légèrement rebondi après un net repli lié au volume inattendu des stocks de grain jaune américain, réévalué en hausse dans le dernier gros rapport de l'USDA.
Aide «conséquente» aux farmers ?
«Après le petit vent de panique de la semaine dernière, le marché s'est stabilisé pour plusieurs raisons», explique Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media. Tout d'abord, «il y a toujours un questionnement sur le niveau réel de la récolte de maïs aux Etats-Unis, annoncée à 427 millions de tonnes dans le rapport USDA de septembre, un record absolu», indique-t-il.
Argus Media estime qu'environ 30% du maïs est récolté aux Etats-Unis, mais en l'absence de données officielles sur cette avancée et sur la qualité des grains, «les doutes limitent la vente par les farmers».
Au-delà du brouillard du shutdown, le soja voit lui ses cours légèrement soutenus, à 10,22 dollars le boisseau (soit 27 kg) mardi, par l'incertitude persistante des débouchés pour l'oléagineux américain.
Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial, voit dans ce léger mouvement de hausse la traduction « d'espoirs et d'anticipations quant à la capacité du président Trump à tenir ses promesses et à conclure un accord important avec la Chine à la fin du mois». Donald Trump s'est engagé à fournir une aide «conséquente» aux agriculteurs affectés par le conflit douanier avec la Chine, premier acheteur mondial de la graine oléagineuse, qui ne s'est pas fourni aux Etats-Unis depuis juin. Lors du précédent conflit commercial avec la Chine, pour compenser une partie des 27 milliards de dollars de chiffre d'affaires du soja perdus à l'export, le gouvernement américain avait débloqué 23 milliards d'aide en 2018 et 2019. Mais aucune aide ne pourra être versée tant que dure le shutdown, soulignent les analystes. Et «personne ne souhaite vraiment vendre à découvert sur ce marché avant de connaître l'issue des discussions entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping», précise M. Suderman.
Fermeté du blé mer Noire
L'analyste rappelle que le prix de la graine de soja est aussi soutenu par la hausse des cours des huiles végétales, après la décision de l'Indonésie d'augmenter (à 50%) le taux d'incorporation d'huile de palme dans le biodiesel. Quant au prix du blé, il était plutôt stable mercredi, autour de 187 euros la tonne sur Euronext.
«Les cours de la céréale du pain sont soutenus par la fermeté des prix des blés originaires de mer Noire, après des achats d'Iran, d'Algérie ou d'Arabie saoudite ces dernières semaines, relève Sébastien Poncelet. Les ventes européennes trouvent aussi un léger coup de pouce dans le recul de l'euro face au dollar, essentiellement dû à la crise politique en France», ajoute-t-il.
Toutefois, les prix montent peu sur les marchés européens: les blés français, abondants et de qualité cette année, sont encore légèrement trop chers pour être pleinement compétitifs face aux offres de la mer Noire (Russie, Ukraine, Roumanie...), note Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. Et, précise le courtier, la Russie «continue de baisser ses taxes à l'exportation», passées d'un maximum de 8 dollars la tonne mi-septembre à environ 6 dollars.
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